dimanche 27 novembre 2011

EPILOGUE



sur un écran qui occupe tout le fond de scène



REQUIEM 
2011





Six mois plus tard, la fin de l'année approche.

Je, l'Auteur, le Citateur.

Je (parlant comme à voix basse, finit par chuchoter)
Le temps passse. Les armées continuent de tirer sur les foules. Les journalistes font les comptes : en Syrie, 4000 seraient morts dont 300 enfants. A Fukushima, les cœurs des réacteurs en fusion entament le béton des cuves et l'eau radioactive fuit toujours. On ferme les yeux. Le Colonel a été tué d'au moins trois manières différentes, son corps est inhumé quelque part dans le désert. Un Norvégien a massacré 73 jeunes gens de son pays au nom de la défense de l' "Occident". Les experts disent qu'il est fou.

L’Auteur (à son clavier, ne veut plus rien entendre depuis longtemps, il fait mine de conclure et feint de remplir le contrat exigé par la contrainte. On voit sur l'écran le passage progressif du premier tweet au deuxième qui raconte pareillement la mort de Roman Opalka survenue au  début du mois d'Août 2011)
Voici le 140ème récit
Roman Opalka pensait compter jusqu'à l'infini à la peinture blanche, sur des tableaux à fond uni peu à peu éclairci, il n'y est pas parvenu.

Roman Opalka avait pensé compter jusqu'à l'infini, à la peinture blanche, sur des tableaux au fond uni peu à peu éclairci, il y est parvenu.

Je (poursuivant)
Les morts ordinaires continuent à bas bruit.
L’été a été pluvieux et l'automne très doux. Toujours le même contraste entre la fureur des images et le calme à l'entour : calme apparent sous nos yeux ; et, sur les écrans, guerres réelles qu'on pourrait croire fictives. La terre dans son entier nous regarde aujourd'hui.
Des images de révolutions, de combats, d'inondation, de noyades, de contamination, d’abandon des lieux dévastés, de massacres, de chiens errants, de tremblements de terre et de raz de marée défilent, les unes chassant les autres de nos mémoires.

Et des visages.

Le Citateur
James Joyce a écrit :
"Tout est insanité. Patriotisme, pleurer les morts, la musique, l'avenir de la race, Être ou ne pas être. Le rêve de la vie s'achève." 

L’Auteur (écrivant rageusement à l’Editeur qui ne lui a pas répondu, tape sur le clavier. Les Lettres s’affichent en surimpression sur le film qui continue)
Oscar Binfon, Editeur de Livres en Lettres de Lumières :

- a accepté votre Lumiscrit.

- a refusé votre Lumiscrit.


Rayez la mention inutile.

Je (disant le mot de la fin)
Ne pas mourir.


Lirina Bloom  


écrit à partir du compte Twitter @LirinaBloom 
entre le 14 février et le  14 décembre 2011.
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