sur un écran qui occupe tout le fond de scène
REQUIEM
2011
Six
mois plus tard, la fin de l'année approche.
Je, l'Auteur, le Citateur.
Je (parlant comme à voix basse, finit par chuchoter)
Le temps passse. Les armées continuent de tirer sur
les foules. Les journalistes font les comptes : en Syrie, 4000
seraient morts dont 300 enfants. A Fukushima, les cœurs des réacteurs
en fusion entament le béton des cuves et l'eau radioactive fuit toujours. On ferme les yeux. Le Colonel a été tué
d'au moins trois manières différentes, son corps est inhumé quelque part dans le
désert. Un Norvégien a massacré 73 jeunes gens de son pays au nom de la défense
de l' "Occident". Les experts disent qu'il est fou.
L’Auteur (à son clavier, ne
veut plus rien entendre depuis longtemps, il fait mine de conclure et feint de
remplir le contrat exigé par la contrainte. On voit sur l'écran le passage
progressif du premier tweet au deuxième qui raconte pareillement la mort de
Roman Opalka survenue au début du
mois d'Août 2011)
Voici le 140ème récit
Roman Opalka pensait compter jusqu'à l'infini à la
peinture blanche, sur des tableaux à fond uni peu à peu éclairci, il n'y est
pas parvenu.
Roman Opalka avait pensé compter jusqu'à l'infini,
à la peinture blanche, sur des tableaux au fond uni peu à peu éclairci, il y
est parvenu.
Je (poursuivant)
Les morts ordinaires continuent à bas bruit.
L’été a été pluvieux et l'automne très doux.
Toujours le même contraste entre la fureur des images et le calme à
l'entour : calme apparent sous nos yeux ; et, sur les écrans, guerres
réelles qu'on pourrait croire fictives. La terre dans son entier nous regarde
aujourd'hui.
Des images de révolutions, de combats,
d'inondation, de noyades, de contamination, d’abandon des lieux dévastés, de
massacres, de chiens errants, de tremblements de terre et de raz de marée défilent,
les unes chassant les autres de nos mémoires.
Et des visages.
Le Citateur
James Joyce a écrit :
James Joyce a écrit :
"Tout est insanité. Patriotisme, pleurer les
morts, la musique, l'avenir de la race, Être ou ne pas être. Le rêve de la vie
s'achève."
L’Auteur (écrivant rageusement
à l’Editeur qui ne lui a pas répondu, tape sur le clavier. Les Lettres
s’affichent en surimpression sur le film qui continue)
Oscar Binfon, Editeur de Livres en Lettres de
Lumières :
- a accepté votre Lumiscrit.
- a refusé votre Lumiscrit.
Rayez la mention inutile.
Je (disant le mot de la
fin)
Ne pas mourir.
Lirina Bloom
écrit à partir du compte Twitter @LirinaBloom
entre le 14 février et le 14 décembre 2011.
copyright
Lirina Bloom
écrit à partir du compte Twitter @LirinaBloom
entre le 14 février et le 14 décembre 2011.
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